Compte-rendu du 2ème Rallye de l’Epine-Mont du Chat, par ZeBestCopi, alias Patrick Ciocca
Avant toute chose, je voudrais exprimer à Jean-Louis Thizy et à sa copilote Christelle Bonnard, victimes d’une grave sortie de route, tous mes vœux pour un prompt et bon rétablissement.
Je pensais avoir tout vécu au niveau de la météo en 22 ans de rallye : la grêle lors de mon premier rallye en tant que pilote en 1993, la neige en quantité au Cannes-Soleil en 2010, une météo cyclonique avec un vent violent et des trombes d’eau à la Giraglia en début d’année, mais le paroxysme nous attendait pour cette épreuve.
Au programme de ce rallye de 320 kilomètres : 3 ES à parcourir pour un total de 123 kilomètres chronométrés.
Le plateau est alléchant. En regardant la liste des engagés, je pense que nous pourrions finir dans les 5 premiers du classement. Alfero, Lagier, Thizy et Balthazard nous précéderons certainement au classement, tous avec des voitures du Groupe 4, alors avec notre petite Groupe 3, on fera bonne figure. Il manque sur la ligne de départ Yvan Mirand, dont l’auto n’est pas prête, et les amis Alain et Valérie De Mahenge, en raison de quelques soucis de santé.
Le soleil nous attend pour la première ES. Le commissaire décompte et nous voila lancés avec nos TB5 dans cette superbe ES. D’ailleurs on aime les 3 spéciales, qui sont particulièrement belles, tournantes, techniques, mais attention, aussi piégeuses.
A un kilomètre avant la fin de l’ES, au sorti d’un virage à gauche, des commissaires agitent un drapeau jaune, alors qu’on arrive fort. Je m’attendais à une voiture gênant, mais non, nous partons en glisse dans le virage suivant sur une immense plaque de graviers, fort heureusement, et on ne sait par quelle chance surtout, l’auto reste sur la route. Nous comprendrons bien plus tard qu’ils signalaient le gravier, et surtout la terrible sortie de route de Jean-Louis, immobilisé à quelques 80 mètres en contrebas, bloqué avec sa copilote dans l’auto en attendant la désincarcération qui leur permettra de sortir de l’amas de tôle qu’est devenue leur voiture.
Puis plus tard, sur la droite, nous voyons la 911 bleu ciel de Luc Lagier, immobilisée sur le côté, et je vois en passant les yeux emplaints de dépit de Valérie « ZeBeautifullCopie ». A l’arrivée, notre temps affiché est le 3éme, temps tout relatif car nous ne sommes que le 3ème concurrent à franchir la ligne d’arrivée. Mais d’ores et déjà, Alfero et Balthazard ont planté des banderilles ; on est à 20 secondes de la Renault 5 Turbo et à 10 secondes de la 911 Groupe 4.
Nous arrivons au parc de regroupement après avoir couru la seconde ES. Le classement est établi. Devant nous, à bonne distance, Jean-Luc Alfero et Jean-Luc Balthazard. Nous devançons également d’une bonne trentaine de seconde la belle Opel Manta de Thierry Viguier. Mais ce qui nous chagrine est le temps ; le ciel se couvre, puis il commence à pleuvoir. Nous avisons l’assistance et leur demandons de nous préparer les TB15. Ils sont vieux, mais nous les connaissons pleinement. Nous avons aussi des Toyo R1R que Philippe, mon copain le patron de ARS (Auriol Racing Service, par ailleurs une bonne adresse pour vos pièces compétition) m’a vendu pour des pluies, mais j’ai quelques appréhensions à les faire mettre à Frank ; je ne les connais pas, et mis à part quelques bribes lues dans des forums les concernant et les donnant comme de bons pneus sur la pluie j’ai des doutes.
Nous nous lançons donc dans la seconde étape. L’auto se défile de temps en temps du devant, et Frank a du mal à l’inscrire dans les virages. C’est sûr, maintenant nos TB15 sont bien vieux, usés et surtout trop dur en gomme. Puis nous commençons à avoir du brouillard dans l’ES du Col de l’Epine. Et ce ne sera que le début, tout le reste du rallye sera un enfer à ce niveau, pas une ES sans brouillard, mais quand on dit brouillard, c’est pas la simple petite plaque de brume au travers de laquelle nous pouvons distinguer la route, NON, c’est bien le fameux fog britannique, un truc épais, à couper au couteau, abominable, tant est si bien que nous ne pouvons même pas rouler en code. Cela a pour effet de nous renvoyer la lumière et nous éblouir, alors nous décidons communément avec Frank de couper toute source de lumière, exceptée les veilleuses, et de profiter de ces quelques derniers instants de luminosité naturelle pour rouler au mieux que nous pouvons le faire, en découvrant à chaque fois avec une peur terrible le virage au dernier moment à seulement 2 mètres du capot de la voiture.
Dans l’ES du Mont Tournier, nous apercevons à juste 1 kilomètres de l’arrivée, la Porsche jaune de Balthazard littéralement scotchée sur le rocher dans un virage à gauche très serré. Fort heureusement, l’équipage est sorti de l’auto.
Puis la dernière ES se termine, non sans soulagement extrême vu les conditions météo. Pour cette fois, notre prudence a été récompensée, et c’est avec une immense plaisir que nous montons sur la 2ème marche du podium, une bien belle 2ème place au scratch derrière l’intouchable Jean-Luc Alfero qui a bien mérité sa victoire, car il n’a à aucun moment lâché prise.