Ronde Giraglia Historique 2011

Le compte-rendu d’Isa Crausaz, qui copilotait Jean-Louis Thizy

Sur l’Île de Beauté depuis une semaine, pour l’Hivernale Corse avec Frank Servais, j’ai eu la chance de pouvoir prolonger mon séjour, puisque j’ai été engagée par Jean-Louis Thizy pour le naviguer sur le rallye Ronde de la Giraglia Historique 2011, qui s’est déroulée, comme traditionnellement, sur le Cap Corse (pointe nord de l’île).

J’ai eu la joie d’avoir, pour « concurrents », l’équipage multinational Frank Servais – Patrick Ciocca (avec la Mémé), mais aussi des équipages super sympas rencontrés à l’Hivernale, quelques jours auparavant, comme Sandrine et Benoît et leur 911 2.7 RS et, en VHRS, Marie et Jean et leur 914-4, sans oublier Jean-Baptiste et Nicolas sur 911 2.7 RS Replica.

C’est donc vendredi, le 11 mars, qu’arrivent Jean-Louis et son ami Maurice, avec la voiture, puis Laurent, le fils de ce dernier. Premier contact très sympa. La voiture est impressionnante : c’est bien une « vraie groupe 4, ne puis-je m’empêcher de penser, enthousiaste. Elle est superbe dans sa nouvelle livrée blanche et rouge, aux couleurs de son propriétaire (et de la Suisse). Mais très vite, à peine le temps de faire connaissance avec mon pilote qu’il nous faut de suite partir en reconnaissances.

Samedi matin, alors que nous préparons la 911, le vent souffle de plus en plus violemment, et lorsque nous nous présentons aux vérifications à Piazza, une fine pluie se met à tomber.

La mise en parc fermé est pour 12h30 sur le port de plaisance de Macinaggio, devant la Capitainerie… les embruns sont déjà violents… et on annonce du « beau monde »… pour les plus connus, notamment, Jean-Pierre Manzagol, Louis Antonini, Eric Chantriaux (qui m’avait tant fait rire au Tour de Corse 2010 avec son costume de justicier masqué assorti à la robe de sa 914), Patrick Henry, Philippe Gache,  sans oublier Alain Triniane – navigué par Madame. A 15h00, c’est le départ de la première voiture, la n° 1, la Berlinette d’Erik Comas – Jean-Noël Vesperini ! La violence du scirocco s’amplifie encore, et notre « Jean-Jo national », courageux, continue d’annoncer les concurrents, accompagné par de tout autant courageux commissaires de course.

15h20 – C’est notre pointage de sortie ! Nous sommes partis et nous dirigeons vers l’ES 1. Le temps est vraiment exécrable… la route qui mène au Col de la Serra est par endroits très abimée, voire carrément défoncée. Jean-Louis fait chauffer la mécanique… nous pointons à l’heure, et bientôt, nous nous élançons ! Ca y’est… les virages s’enchaînent… ça tape de partout et la route est par portions très serrée. La pluie redouble et, grâce à Maurice et Laurent, notre assistance « top pro », qui nous attendent à Boticella, nous changeons de pneus.

L’ES 2, c’est 27,420 km de concentration maximale pour la copilote, et très physique pour le pilote !

La seconde boucle, mêmes spéciales, se fera de nuit… La pluie et le vent redoublent encore ! Pour les pilotes, l’exercice est plus corsé. Je ne me souviens pas exactement où, mais ça a « tapé » pas mal sous la luge, et au final, nous avons sérieusement courbé une jante, sans possibilité de faire remonter les pneus sur d’autres jantes sur le Cap Corse. A surveiller de près… Quelques retards dus aux premières pannes et sorties de route… et nous rentrons à Macinaggio pour une ultime assistance, et mise en parc fermé vers 22h… La bâche de la tente ne survit pas aux bourrasques du scirocco, et nous devons encore la démonter avant de rentrer au gîte.

Dimanche matin, 8h00 – Départ de la première voiture… nous ne sommes plus que 19 en course et, reclassés, nous partons à 8h12, juste derrière Frank Servais. Nous aurons également 4 spéciales, avec un passage à chaque fois dans la 1 et 3 de la veille (Barcaggio), et une seconde qui emprunte des tronçons de la 2 – 4 de la veille. Le départ de celle-ci se fait dans le village de Morsiglia, suit la route jusqu’à Pino, remonte vers le Col de Sainte-Lucie comme la veille, puis alternance de portions rapides en descente, passage par le fameux pont de Luri et de technique dans des zones de sous-bois particulièrement glissantes près de Cagnano, avec arrivée à Ortali. Cette épreuve est de la pure endurance, très difficile. Les conditions météo dantesques de ce week-end l’ont rendue encore plus ardue. D’après les locaux, c’est un peu le « Turini » de la Ronde de la Giraglia !

Le samedi déjà, nous avons connu de premiers ennuis de liaison radio, qui s’amplifient dès les deux premières spéciales du dimanches et vont en s’aggravant. Au départ de l’ES 7, nous sommes brutalement interrompus par les commissaires de course. En effet, un arbre s’est écroulé en travers de la route… les pompiers partent immédiatement… au bout de 20 minutes, qui nous permettent de tenter de régler au mieux notre problème de radio, le camion de pompiers revient, suivi d’une dépanneuse qui ramène, non pas un arbre, mais la Talbot Sunbeam Lotus de Barrile – Joffroy, qui a subit une sérieuse sortie de route… nous serons rassurés plus tard sur le sort de l’équipage.

Ca repart devant… mais notre 911 refuse de démarrer… démarreur ? batterie ? Elle repart au « pousse pousse », et nous nous élancerons une minute derrière la 911 Mémé de Frank. Les coupures radio sont à présent régulières, et je sens quand Jean-Louis ne m’entend plus… Le chrono s’en fait ressentir, et nous sortons de la spéciale en direction de l’ultime, la 8 ! Et c’est alors que le témoin de pression d’huile s’allume… Jean-Louis s’arrête et va vérifier ce qui se passe… a priori, rien d’anormal, mais le témoin continue à briller (faux contact ?).

Nous descendons vers Morsiglia, à la fois attentifs au comportement du moteur et à la fois « à la bourre » pour pointer ! Nous y parvenons… je gère les bourrasques de vent qui peuvent emporter ma portière (et moi avec) dès le décrochage du loquet, les notes, les casques… tout va bien, nous sommes à l’heure et fin prêts pour attaquer la dernière ES.

Finalement, nous nous encolonons, en attente du départ retardé à nouveau, quand un commissaire s’approche : « terminé » ! Il y a des éboulements importants et la route est impraticable : tout le monde part en routier ! Nous sommes par contre autorisés à garder nos casques pour des raisons de sécurité… je vais bientôt comprendre pourquoi. La route est par endroits coupée par des talus qui s’écroulent dessus, emportant terre et caillasse, et des trombes d’eau… il y a des branches un peu partout… c’est le DELUGE ! Jean-Louis doit redoubler de vigilance pour garder sa puissante Porsche sur la route. Finalement, nous franchissons l’arrivée… le courageux commissaire signe notre carnet, et nous rentrons vers Macinaggio pour notre arrivée triomphale (comme j’aime à le dire quand je termine un rallye). Mais le témoin de pression d’huile persiste à rester allumé… donc, tant que nous ne sommes pas arrivés…

Mais quelques dizaines de minutes plus tard, malgré la tempête, malgré l’eau qui est rentrée dans la voiture, malgré les bourrasques, la pluie à l’horizontale, les petits décalages inopinés, les glissades, les petits soucis techniques, nous sommes à l’arrivée, sur le port de Macinaggio ! Devant nous, Mémé avec Frank et Patrick est bien là ! Mais le temps est si dantesque qu’il n’y aura pas de parc fermé, pas de cérémonie sur le port… les commissaires sont en train de s’envoler !

Puis c’est la remise des prix à Luri… les discours sont brefs, car une grande partie des concurrents et des commissaires doit reprendre le bateau ce soir même. En VHC, nous ne sommes que 15 à l’arrivée. Nous sommes 9èmes, et Frank et Patrick sont juste devant nous, 8èmes… Aucun autre équipage « continental » n’a fait mieux que nous ! Le temps de partager encore avec nos amis et de goûter au succulent buffet, je prends le volant du « GIT bus », et nous nous rejoignons tous devant l’embarcadère à Bastia…

Compte-rendu plus détaillé et des images sur www.isa-crausaz.ch

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