– le compte-rendu de Patrick Ciocca

s63027532010, ce sera la cinquième fois qu’avec Frank nous participerons au Tour de Corse Historique. Mis à part la première année où nous avions cassé le moteur pratiquement sur le podium de départ, nous avons toujours bien finis et classés à des places très honorables. 2010, c’est aussi le 10ème anniversaire du rallye. Alors quand je lis la liste des engagés, que je regarde les belles autos engagés je me dis que terminer l’épreuve sera déjà un exploit. Tant de groupe IV, tous plus performants les uns que les autres et pilotés par des “mecs” de talent : Andruet, Gache, Marc Duez, Antonini, Burnichon, Padrona, Lajournade, et tant d’autres. Avec notre petit groupe 3 c’est pas gagné. Mais qu’à cela ne tienne, à Alain (Triniane) qui m’a dit pendant les recos : “tu as vu, y a plein de mecs pour gagner !” j’ai répondu “tant mieux, notre victoire ne sera que plus belle, j’aime quand il y a des “gros”. Un Tour de Corse c’est long, très long, éprouvant pour les mécaniques, et aussi et surtout pour les hommes que nous sommes au niveau physique, moral. Alors nous allons partir comme à notre habitude, doucement pour terminer de la plus belle façon qu’il soit. Cette année nous avons deux “pro” à l’assistance, de véritables mécaniciens, bien que je regrette amèrement l’absence d’Albin, Jean-Jacques, Claude, avec leur assistance saucisson-rouge ! Et nous voila lancés pour la première étape. Résultat moyen, on est au classement à la place que l’on mérite, dans les deux premières ES on n’a pas bien roulés. Mais on va se refaire, je compte sur le talent de pilote de Frank, et la fiabilité de notre “Mémé”. Que dire des étapes 2,3 et 4, rien, on roule, on remonte au classement, on se fait vraiment plaisir. Surtout dans Vero-Arro, 32 kilomètres de pur bonheur. Une spéciale que nous connaissons bien, pour la faire régulièrement lors de l’hivernale corse à laquelle nous participons toutes les années. Dans cette ES, c’est la première fois en 5 ans que je cours avec Frank que je lui dit que ca va trop vite. On s’est tapé des 230 km/h au Rallye de Haute Provence 15 jours avant, mais ce coup-ci ! ça envoi dur. Au départ de la 5ème étape nous avons une spéciale que je n’aime pas, celle partant de Ota pour arriver à Marignana. Pu…….y a du “gaz” faut pas sortir dans celle-là, il doit bien y avoir un précipice de 400 mètres, c’est le bouquet de chrysanthème assuré pour la Toussaint. Tant pis, je me concentre, me plonge dans les notes, moi qui habituellement regarde la route, ben pas ce coup-ci, c’est le nez plongé dans le cahier de notes que je vis la spéciale, je sens les virages avec mes fesses et c’est amplement suffisant. Ouf, la 15 est terminée, elle était piègeuse, on est pas sortis, pas tapé, tout va bien. ES 16 : Wouah ! j’adore ces types de spéciales, rapides, techniques, piègeuses, Frank maitrise le sujet, je m’applique, bien nous en prend 7ème temps scratch. Nous approchons du but, la 17ème et avant dernière. L’année passée nous avions eu des problèmes de sélection de boite et cette ES avait été un enfer, mais nous partons confiants, l’auto va bien, nous n’avons aucun soucis. Dans Canavaggia, un peu trop de confiance nous fait freiner un peu tard, le dessous de l’auto frappe fort sur un ralentisseur. Un bruit dans la boite énorme me fait craindre le pire, une odeur d’huile de boite nauséabonde dans l’habitacle nous envahit. Aurait-on cassé le carter de boite ? on finit l’ES à l’agonie. On double Luc Lagier et Guy Burnichon qui tous les deux ont crevés dans la spéciale. Je saisis mon téléphone averti l’assistance qui se trouve avant la dernière ES, quand nous arrivons ils sont prêts. Un rapide diagnostic de Laurent et Ralf, pas de carter explosé, mais la fourchette d’embrayage qui est remontée et de ce fait a dû agir de façon néfaste sur la butée d’embrayage et l’arbre primaire, occasionnant une rupture partielle du pont. Que faire ? il ne reste qu’une spéciale. Si nous devons abandonner autant le faire de la plus belle des façons, autant que ce soit en course, et puis…..avec un peu de chance pourquoi ne pas avoir un peu de réussite et terminer le rallye, aller jusqu’au bout. Au départ de la dernière, Frank me demande mon avis, comme souvent nous échangeons afin de faire le meilleur choix qui s’impose. “Comment tu conduirais ?” Cruelle question, pas facile la réponse, jouons la sagesse, utilisons le meilleur rapport et rallions l’arrivée. L’ile-Rousse est en vue, l’auto a tenue le coup et nous aussi, on peut se relacher, le sourire revient sur nos visages crispés par la peur de devoir abandonner. Nous avons l’agréable surprise sur le podium de savoir que nous n’avons pas tant perdu que cela. Rien même. 9ème au scratch, 1er du groupe ! Yaouuuuu……..quelle joie. J’aurais signé au départ pour avoir une aussi belle place cette année.

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