– le compte-rendu d’Isa Crausaz

isaPar Isabelle CRAUSAZ, dite iZa et ZeBestCopie

Tour de Corse Historique 2010 – Depuis plusieurs années, la Corse, j’en rêvais… et bien entendu, sur le fameux Tour de Course Historique… et voilà, ça y’est ! J’ai l’immense privilège d’avoir été enrôlée par Frank Servais et toute la « Team Schweiz VHC » dans l’équipe d’assistance !

C’est lundi 4 octobre que mon voyage débute… j’ai RV le matin à Genève avec Albin, ami et collaborateur de Frank, pour prendre possession du fourgon d’assistance de Frank pour les Suisses, que j’ai la responsabilité d’amener jusqu’en Corse. Première étape : dans le Var, pour y chercher les 2 mécanos qui seront mes compagnons de voyage et collègues sur l’île, Laurent et Ralph… on se trouve, et nous prenons la direction du port de Marseille ! 17h… nous y sommes déjà. Peu après 19h, nous embarquons… c’est une grande première pour moi… je suis comme une gamine ! Garer le fourgon dans le garage du ferry (que c’est drôle!)… et y’a plus qu’à admirer le paysage ! Tout se passe à merveille, et mardi matin tôt, la porte du ferry s’ouvre aux premières lueurs du soleil sur Bastia… je le comprends immédiatement : un autre monde !

Nous prenons la route direction L’Île Rousse, où nous attendent les pilotes, Frank et Patrick, Claude et Nicolas, Sven et Dush, déjà sur place depuis quelques jours pour les reconnaissances. Le départ de la première étape est pour l’après-midi même… On arrive au motel et il y a là aussi la « Mémé » de Frank, la 914-6 de Claude (ces deux autos sont déjà de « vieilles connaissances » ;-)), ainsi que l’Alpine A110 Berlinette de Sven. Plus tard, sur le parc de départ, je découvre, non sans impatience et émotion, les mythiques AUDI QUATTRO, présentes dans le cadre des 30 ans de la quattro.

La première étape est, pour l’assistance, plutôt à la cool. En effet, tout le monde rentrera à L’Île Rousse le soir même, après les 2 premières spéciales courues dans la région. Nous pourrons même nous payer le luxe d’aller voir la première spéciale. Pendant les assistances, je m’occupe essentiellement du ravitaillement des pilotes, tandis que mes deux collègues s’occupent des belles mécaniques (voui, « chacun son rôle, et les vaches… » comme on dit chez nous). Le départ est toujours un moment à la fois terriblement excitant et terriblement anxiogène pour les pilotes… pour  l’assistance, si la tension et l’excitation est palpable, c’est un tout autre ressenti… mais nous attendons toujours les fins d’ES fébrilement… et c’est l’état d’alerte dès que l’heure arrive, dès qu’un SMS tombe… Ouf, tout se passe bien pour les 3 équipages suisses, et à l’issue de cette première étape, toujours un gros soulagement, car LE moment le plus difficile, généralement. Voilà, c’est fait, et  nous descendons en ville pour manger tous ensemble… L’Ile Rousse a des airs de vacances perpetuelles… vraiment un autre monde !

Mercredi matin, c’est le départ de la seconde étape, L’Ile Rousse – Porto Vecchio ! Pour l’assistance, il s’agira d’être aux rendez-vous planifiés par Patrick sur la côte est… Ca sent vraiment les vacances ! La journée passe très vite et nous commençons vraiment à courir ! Pour l’assistance, c’est la course dans la course… il faut du temps pour décharger le fourgon et tout mettre en place, et que tout soit parfait pour l’arrivée des équipages, victuailles comprises, « à acheter sur la route Isa tu te démm*** », puis tout remballer, et foncer au lieu de rendez-vous suivant !

L’arrivée à Porto Vecchio est juste sublime ! La ville en elle-même, le port… Au moment même où les voitures de course arrivent sur l’esplanade du port servant de parc fermé, nous assistons au départ « so kitsch » du fameux paquebot « Club Med 2 »… (appareillage sur fond de la musique de « 1492 »… moui… la prochaine fois, à la place, je chante la chanson d’Céline Dion, celle du bateau qui coule ;-)) La soirée se termine, comme dans « Astérix », par le tradionnel banquet tous ensemble… ces moments de convivialité, qui me manquent tant, hors saison !

Jeudi matin… le port de Porto Vecchio s’éveille… arrivée d’un ferry sur fond de vrombissements de moteurs aux sonorités mythiques, lever de soleil sur mer d’huile… je suis une privilégiée ! Nous prenons la route « avec armes et bagages » pour Porto, de l’autre côté de l’île, avec à la clé la traversée par les montagnes… Contrairement à l’étape de la veille, qui ne comportait pour nous, assistance, que des routes plutôt très roulantes, cette fois, nous allons connaître les « vraies routes Corses » ! Les paysages sont à couper le souffle ! Mais cela commence à devenir plus stressant pour nous, car faire 2 km prend vite « 2 plombes » sur ces routes étroites aux précipices abrupts ! Les mécaniques des véhicules d’assistance (une Jeep et le fourgon) sont mises à rude épreuve, notamment les freins. La descente finale sur Porto restera longtemps gravée dans ma mémoire… un coucher de soleil sur les rochers, qui deviennent oranges, rouges… la mer, les ombres, les reflets, la végétation… une autre planète, dis-je !
En fin d’étape, le stress s’intensifie par les premiers problèmes de boîte de vitesse de la 914-6, déjà repérées dans l’après-midi… elle perd beaucoup d’huile, et il faut tout resserrer, compléter le niveau, tout contrôler… Les 2 mécanos, pros et consciencieux jusqu’au bout, termineront à env. 21h…

Le parc fermé est sur le port… nous profitons de prendre le temps d’y retourner après le repas pour admirer les mécaniques…

Départ tôt le lendemain matin, vendredi, pour l’étape Porto – Porto… mais l’étape la plus « speed » qui soit ! La petite ville se trouve au creux d’une crique, et les seuls accès sont des « vraies routes de Corse » ! Il faut presque être à l’arrêt dans chaque virage, tant la visibilité est mauvaise, et que le trafic est par moments denses… le matin, le fourgon est même retardé par… un troupeau de chèvres qui chemine sur la route de la Calanque de Piana ! Nous devons aussi penser au carburant, en particulier au diesel qui, après une totale rupture de stock sur toute l’île depuis une semaine, est de nouveau disponible, un super tanker étant enfin arrivé la veille à Ajaccio. Cependant, les stations sont ravitaillées petit à petit, et n’acceptent de vendre qu’au compte-goutte, à coups de 20 ou 30 Euros, pas 1 centime de plus ! L’essence commence aussi à manquer… les stations sont prises d’assaut…, certaines interdisent tout remplissage de jerrycan… cela devient très tendu… (on prie pour que cela ne finisse pas comme dans « Mad Max » !)

En fin de journée, cela devient limite ingérable… après une course dans la course toute la journée, mes deux collègues mécanos sont partis devant avec le fourgon pour suivre les « mamies » de course et assurer l’assistance à l’arrivée à Porto, tandis que je suis derrière avec la Jeep, avec la mission de trouver de quoi remplir 3 jerrycan… Je DOIS ramener 60 litres d’essence pour que les 3 voitures de l’équipe puissent rouler sans soucis demain. Sur la côte, la situation est extrêmement tendue… les stations sont prises d’assaut… je ne croise que 3 stations où, pour 2 ou 4 colonnes, il y a une vingtaine de voitures entremêlées, la plupart garées au milieu de la route.. les gens sont limites de s’empoigner, l’ambiance est électrique… et je suis une frêle femme, seule (et blonde), avec ma grosse Jeep V8 aux plaques suisses… je me dépêche de redémarrer et de me frayer un chemin au milieu de ce « bordel » (on se croirait dans « Terminator », hhhhhhaaaaa… ou dans « Twister »… amis d’la culture… ;-)) et je remets les gaz direction Porto ! Sur le chemin, je ne croise que 2 stations… l’une est prise d’assaut et tenue par un « vieux » à la mine patibulaire, et l’autre… n’existe plus ! J’arrive un peu « bête » à Porto, et Nicolas m’indique une station sur les hauteurs… c’est là que je vais… les 2 km me prennent 2 plombes, je dois m’arrêter pour une vache et deux Mercedes zurichoise, mais je suis déterminée 😉 ! Et… voilà, la station un peu au milieu de nulle part dans les montagnes… déserte… je négocie avec les deux tenancières, ça se passe bien, et j’obtiens le droit de remplir mes jerrycan… YES ! Et c’est « l’arrivée triomphale », telle Cléopâtre, à Porto ! Pendant ce temps, mes collègues se sont occupé des trois voitures, toujours en lice… les problèmes d’étanchéité de boîte de la 914-6 persistent, mais la mécanique sera épargnée grâce aux soins apportés.

Samedi matin est le départ de la dernière étape… nous devons partir, non pas aux aurores, mais bien avant, pour pouvoir passer le Col avant la fermeture de la route, 1 heure avant le passage des concurrents en spéciale ! Le voyage commence donc de nuit, dans la montagne, à l’assaut du col… lever de soleil entre roches et forêts… c’est tout simplement magique ! Ces 2 heures de route ont filé ! Si la première assistance est « no stress », ce sera vraiment la course ensuite ! Nous aurons rendez-vous avec les pilotes après quasiment chaque ES… A notre grande satisfaction, tout se passe bien pour eux… à présent, ils assurent surtout l’arrivée… A ce moment, je ne visualise pas encore le podium final qui nous attend à notre ville de départ, L’Ile Rousse, tant il nous reste de chemin, malgré tout.

Après l’ES 17, « grosse chaleur » : un SMS de Patrick nous informe que le train arrière de « Mémé » a tapé fort sur un ralentisseur en pleine spéciale. La boîte semble être touchée sévèrement : ça sent fort l’huile de boîte, gros bruits et passage des vitesses très difficile, voire impossible. Nous attendons fébrilement…. les voilà ! Ralph et Laurent sont prêts pour l’intervention… nous voyons immédiatement qu’il n’y a pas de fuite… c’est déjà ça. Selon les premières observations des mécanos, il est probable que la tige de la fourchette ait tapé en haut dans le carter, abîmant probablement la butée et/ou des roulements… déséquilibrant le tout, et rendant le passage des vitesses extrêmement « périlleux ». Frank et Patrick décident de poursuivre « en 3ème » et d’assurer l’arrivée… En voyant « Mémé » s’éloigner, je ne peux m’empêcher de penser « Vas-y, tu vas y arriver… »

Nous reprenons la route et mon collègue me demande si j’ai le numéro de l’ami de Patrick qui héberge la remorque « au cas où faudrait aller les chercher »… je l’ai quelque part, mais je ne suis pas du tout inquiète… je lui réponds : « Je connais Mémé, elle va y arriver… allez, on va au podium ! » Peu après, un SMS de Patrick… YESSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSS : ES 18 OK !!! CA Y’EST, ILS L’ONT FAIT !!! Ils roulent à présent en direction du podium… je suis tellement soulagée quand même ! Nous sommes super heureux… pour l’assistance, c’est une victoire en soit : les 3 voitures seront à l’arrivée !!!

Quelques dizaines de minutes plus tard, nous sommes sur les quais de L’Ile Rousse avec tout le monde… fantastique, ambiance, si magnifique que s’en est presque irréaliste ! Irréel aussi, quand j’échange quelques mots et trinque avec… Françoise Conconi, ex copilote « mythique » de Michèle Mouton ! super génial de retrouver toute l’équipe, et aussi Valérie et Alain, amis de Frank, dont la Porsche a subit quelques cabrioles (ils sont là, en bonne santé, et ont malgré tout terminé le rallye)…

La soirée qui suivra sera aussi exceptionnelle… c’est là que je croise pour la première fois ma copine Coco (qui était associée au pilote Christian Chiaravita, sur Alfa Giulia). Le buffet est à la fois gastronomique et gargantuesque… Frank et Patrick, 9èmes au général, reçoivent aussi un prix pour leur victoire de groupe ! Claude et Nicolas (28èmes), Sven et l’inénarrable Dush (15èmes) sont tout autant à la fête… ils peuvent être fiers d’être arrivés, eux aussi !

La musique corse, la mer, le vin, les images… tout raconter serait trop long… mais ce fût une incroyable et fantastique dernière soirée sur l’île de beauté ! Cette semaine a sans doute été la plus « rapide » de ma vie !

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