Le rallye de la Drôme « Paul Friedman » 2013 : magnifique rallye !
Tout d’abord, quelques images…
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…et des caméras embarquée :
ES3 La Motte Fanjas : 7.8 km en 4’54.6, 9ème temps, 95.3 km/h de moyenne.
ES4, Oriol – Barbières : 24.2km en 15’21.8, 9ème temps, 94.5 km/h
Le compte-rendu de la course
Dans des conditions caniculaires, hormis des orages le jeudi des reconnaissances, le Rallye de la Drôme 2013 sera l’un des moments phares de ma saison. Ce n’est pas évident de changer de copilote, que ce soit avec une personne débutante ou avec une dont l’expérience dépasse de beaucoup la sienne. Martine Rick-Place, copilote durant de nombreuses années de l’un des meilleurs pilotes de rallye du moment, Jean-Claude Andruet, m’a fait l’honneur, après un bref échange par e-mail, suivi d’une rencontre à Genève, d’être ma copilote pour ce rallye. Martine n’avait jamais été confrontée au système de notes que j’ai adopté. Ce système de gradation des virages est celui que mon premier pilote utilisait lorsque j’ai fait mes premières expériences en rallye, en tant que copilote. Je l’ai ensuite retrouvé très souvent, car c’est celui-là même qu’utilise Yves Loubet, l’organisateur du Tour de Corse Historique ainsi que du Rallye du Maroc Historique, deux épreuves pour lesquelles il fournit des notes.
On m’avait toujours dit que les vrais copilotes ne regardent pas devant, mais récitent les notes en fonction du ressenti dans le baquet des virages et des trajectoires de la voiture. Et bien, c’était la première fois que j’avais une copilote de cette trempe. C’est visiblement plus rare que l’on dit.
Pour pouvoir profiter au maximum de l’expérience de Martine, nous avons décidé de ne pas utiliser les notes que j’avais prises lors des précédentes éditions et de faire page blanche. Ceci veut dire que lors de la reconnaissance de chaque spéciale, le pilote dicte au copilote ce qu’il souhaite entendre, avec une certaine anticipation du passage en conditions réelles de course. Ce n’est pas facile pour plusieurs raisons, principalement parce-que l’on ne roule pas avec la voiture de course, que l’on doit respecter le code de la route et, en particulier, que l’on ne peut évidemment pas utiliser toute la route en reconnaissances. Par ailleurs, on dicte en conduisant, basé sur ce que l’on voit, mais les distances sont parfois indiquées avant de voir le prochain virage. Et pendant ce temps, la voiture avance et il faut mémoriser la route qui défile, en imaginant que l’on roulera à fond en utilisant toute la route. C’est bien-sûr une affaire d’expérience, mais il est très difficile d’atteindre le niveau de perfection souhaitable du premier coup. Le règlement permet trois passages, donc après le premier passage de prise de notes, il reste 2 passages pour les valider/corriger. C’est alors le copilote qui récite les notes préalablement écrites. Mais là également, lorsque le pilote souhaite une correction, il faut du temps au copilote pour gommer / noter à nouveau, et là aussi, pendant ce temps, la voiture avance. Un troisième passage est indispensable, mais si les notes nécessitent de nombreuses corrections, il persiste souvent des petites imprécisions.
Martine a l’habitude de corriger les notes pendant le passage en spéciale, si le pilote le souhaite. Nos notes étaient bonnes, sans toutefois être parfaites (une ou deux erreurs ou ommissions subsistaient), notamment dans le dernier tronçon de la spéciale de Bouvante. Nous avons profité de la neutralisation pour recharger rapidement la vidéo de notre passage sur mon iPad afin de visionner notre passage et de nous permettre ainsi de corriger à temps ces petites erreurs pour le 2ème passage. La technologie moderne permet ainsi un “plus” certain.
Une conséquence du fait que Martine ne regarde pas dehors en roulant est que tout repose sur ce que dicte le pilote. Il n’y a pas, comme avec d’autres de mes copilotes, d’opportunité d’engager une brève discussion pour décider ensemble d’une gradation de virage ou d’une distance. Après réflexion, cela peut nous tenter de noter un enchainement différemment du ressenti du pilote, sorte de compromis. Il est forcément plus fin de ne tenir compte que de l’avis du pilote, mais cela nécessite un peu plus de concentration lors de la dictée des notes.
Petite difficulté supplémentaire pour Martine, qui doit apprendre à prononcer non pas des vitesses de passage, mais des gradations de virages (de 1 à 5), par exemple « Droite trois plus » devenait parfois Dr..trois, ou plus simplement D3. Nous en avons souri ensemble à plusieurs reprises 🙂
Samedi 20 juillet – 1ère étape
Au départ, le samedi, la Mémé était chaussée d’un train de Michelin TB5 neufs (pour l’anecdote, le train offert par Michelin comme prix du Challenge RallyeVH 2011), gonflés à froid 1.8 AV et 1.7 AR. En sortie de la première spéciale, j’ai équilibré les pressions à 2.1 (légèrement baissé).
J’ai toujours une appréhension au départ d’un rallye, de trouver le bon compromis entre aller vite pour ne pas se laisser distancer d’entrée par les meilleurs, et ne pas aller trop vite en voulant trop bien faire (…sorties au Mont-Blanc, au San Remo lors de l’ES1). Dans cette première épreuve, nous signons le 15ème temps sur les 43 voitures au départ. Les réflexes reviennent et, dans l’ES2, une magnifique et longue spéciale, nous faisons “un poil mieux”, soit le 14ème temps.
Il y a certainement quelques places à remonter à la régulière, mais il m’apparaît de suite évident que le podium est hors de portée. Toujours difficile de dire si c’est en raison de la concurrence, avec des très nombreuses voitures qui sont, sur le papier, beaucoup plus performantes que la Mémé, ou si c’est mon pilotage qui n’est plus aussi rapide, ou peut-être par une prise de risques inférieure. Ce qui reste est alors juste le pur plaisir : la Mémé est parfaite, saine, tant au plan de la tenue de route, de son inscription dans les virages, que de son moteur et de sa transmission. Dès la 2ème spéciale, je me fais la réflexion que les notes tombent parfaitement, avec un sentiment d’harmonie entre les notes et la route. Du pur bonheur !
Dans la 2ème boucle, nous améliorons sensiblement nos temps et réalisons, dans les 2 spéciales, le 9ème temps, ce qui est parfaitement dans mon objectif ambitieux de nous classer dans le top 10 au général.
A l’issue d’une longue neutralisation avec une période d’assistance, nous montons la rampe de phares et partons pour la dernière spéciale de l’étape, prévue vers 21h30, “la Motte Fanjas”, heureusement courte car rouler dans la pénombre n’est de loin pas mon fort. La nuit n’est pas encore tout à fait tombée et la vision n’est pas parfaite. Néanmoins, nous ne rencontrons pas de problème particulier et, sans prendre de risques, nous réalisons le 13ème temps.
Notre classement en fin de 1ère étape est la 10ème place, et les écarts avec les voitures devant nous sont établis. Il ne sera pas possible de remonter, sauf changement important de conditions (météo, pluie), ou d’abandons.
Dimanche 21 Juillet, 2ème étape
Par une chaleur presque caniculaire, les 6 spéciales se déroulement bien, sans souci. Gérard Morière, l’un des prétendants à la victoire, abandonne, et nous terminons ce Rallye de la Drôme à la 9ème place du classement général.
Nous sommes la 7ème Porsche sur les 14 à l’arrivée (20 au départ) et 2ème du Groupe 2/2S, derrière un Alain Triniane en grande forme, qui termine 2ème du rallye avec sa très performante et mythique 911 RSR Groupe 4. Pour la forme, car nous sommes les seuls du Groupe 3, nous terminons donc 1ers du la classe correspondante (B6). En regardant les autres Porsche, toutes sauf la Mémé, sont des Groupe 4, évidemment beaucoup plus performantes dans ces excellentes conditions de météo et de tracé. La FFSA a mis en place un challenge à l’indice de performance, qui permet de tenir compte de l’âge des voitures, des cylindrées, de leur groupe afin d’attribuer un facteur/coefficient, comparable au handicap en golf ; à ma grande surprise, nous remportons le rallye à l’indice de performance !
Toutes raisons d’être très satisfaits, non ?
Conclusions
Pilier essentiel du rallye, un énorme bravo à mon excellent préparateur, Manuel PEREIRA du garage du même nom à Genève. La Mémé a été parfaite du début à la fin. Les moindres détails sont soignés, parfaits…. Merci Manu ! La Mémé est à présent à un niveau de perfection et d’achèvement incroyable. La fiabilité qui en résulte permet de l’exploiter à son maximum, sans aucune appréhension ou inquiétude pour la mécanique.
Que dire du GARCIA Racing Team, une formidable équipe d’assistance familiale, qui allient compétence, sourire, humour, et amitié. Les sandwiches baguette + rillettes + cornichons, et une tentative de baguette + pâté + brie + cornichons me laisseront un souvenir impérissable ! Après ce rallye, le matériel revient meilleur qu’en partant ; même les sangles d’attelage ont été nettoyées et graissées, et c’est tellement important. Un énorme merci à René, Julien, Magali, Aurélie, pour cette fantastique assistance.
Quel bonheur et chance que de pouvoir rouler avec Martine, concentrée et appliquée à tous instants, apportant son expérience et ses compétences, et également beaucoup de sérénité et d’humour. Merci Martine, tu es une copilote fantastique !
Et maintenant ? …Cap sur l’Ile de Beauté !
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