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Ticino 2010 VHC : Le compte rendu d’Isabelle Crausaz

13° RALLY RONDE INTERNAZIONALE DEL TICINO

Lugano, jeudi 24 juin au soir. Ballets de bus, de remorques, camion et voitures au Stadio Cornadero. Les concurrents arrivent et, déjà, je croise quelques têtes connues. L’ambiance est sympa… la météo donne le ton de l’humeur… on est bien au Tessin !

De mon côté, j’ai accepté, un mois auparavant, l’aimable invitation de Roberto Palma à le naviguer, son fils et copilote habituel Riccardo ne pouvant pas être disponible pour ce rallye. Découvrir le Ticino, en Fiat historique, avec un sympathique pilote Italien (et Jurassien)… sympa, non ? J’ai accepté illico presto !

 

 

 

 

 

 

 

Les historiques se retrouvent, s’installent, on décharge les autos et on commence à s’organiser… Je fais connaissance avec la voiture que je vais aider à diriger demain, une authentique Fiat 128 de 1971 (autrement dit, un mythe ici, au Tessin ; entièrement restaurée et préparée par Roberto), ainsi qu’avec l’assistance et nos concurrents. Nous nous rendons ensuite aux vérifs administratives, où nous recevons les dernières instructions, « il radar » (càd le road-book) ainsi qu’un sac… avec les autocollants de course, numéros de porte et… plein de petits cadeaux !

Puis, entre Jurassiens et Neuchâtelois, nous partons tous ensemble passer une agréable soirée dans un Grotto typique !

Vendredi 25 juin. Les choses sérieuses commencent à 7h00 tapantes. Avec Roberto, nous nous dirigeons avec l’auto de recos vers le Stadio, où l’on croise quelques connaissances, et nous nous dirigeons vers Monte Ceneri et Isone via le road-book. Nous avons même le temps de prendre un café en chemin, et à 8:00 (recos autorisées de 8h00 à 12h00), nous sommes au départ de la première ES à reconnaître. Particularité, dont il m’a mise au courant dès mon engagement, Roberto note « à l’envers » par rapport à la majorité des pilotes, ce qui est tout nouveau pour moi. Je m’adapte assez rapidement, et les recos se passent bien. Les trois différentes spéciales de ce rallye-ronde se déroulent sur des terrains militaires (routes et places). Alternent des portions très techniques avec d’autres très piégeuses, avec surtout des bordures en granit, très redoutées !

Pendant ce temps, notre assistance a présenté la Fiat ainsi que nos équipements aux vérifs techniques. Nous les rejoignons ensuite au Stadio. Le départ de la première voiture est prévu ce soir, 18h00.

Nous entrons l’auto au parc fermé pour 16h53 et notre heure de départ est affichée : 19h34, ce qui nous fera prendre le départ de l’ES1 (« Alpe del Tiglio », sur Isone) à 21h00 si tout va bien.

J’avertis déjà Roberto qu’avec une telle auto : ici, nous allons être « des stars ! Mais l’heure approche, et bientôt, nous sortons du parc fermé… ça y’est, j’ai pointé et nous nous dirigeons en direction de la Piazza Manzoni, au passage du podium ! Juste fantastique le succès qu’a cette petite auto ici ! Les locaux nous encouragent, applaudissent, font des photos… la 128 se taille un vrai succès et Roberto est même surpris… tant d’honneurs ! Un grand-père s’approche, presque la larme à l’œil : « J’en ai eu trois, des comme ça ! » [traduction]

Les « stars » remontent ensuite vers le parc d’assistance, puis c’est le départ pour Isone et la première spéciale! Nous montons sous les encouragements de nos « fans » et arrivons au CH sans stress. Je fais remarquer à Roberto que son moteur me semble très péchu, et il me dit qu’il a justement trouvé les bons réglages depuis le Chablais.

Nous nous préparons… derniers encouragements entre concurrents… on est sanglés dans l’auto… on pointe à l’heure… et ce sera à nous, pour la première spéciale de ce rallye !

ES 1 « Alpe del Tiglio » : c’est parti pour une « mise en jambes » de 6,700 km ! Il s’agit d’un départ en montée, ce que redoutais Roberto, en raison de la faible cylindrée du moteur et de l’étagement long, très long, de la boîte… première épingle, puis les virages s’enchaînent, des épingles qui « passent toutes seules », le rythme prend, quelques virages, on commence à bien s’amuser… dans un « gauche 3 ferme en 4 » (ou le contraire pour les amateurs de la méthode traditionnelle), je sens la voiture partir sur l’extérieur, alors que j’ai annoncé déjà le droite suivant… je garde confiance, ça va redresser… mais… non, ça ne passe pas, la Fiat tire tout droit et s’envole au-dessus du talus ; nous atterrissons 2 mètres en-dessous, dans la haie. Roberto ne perd pas son flegme, mais on perçoit déjà aisément la déception, immense. Il se reproche l’erreur et déjà, cherche les origines de cette sortie de route. Je lui demande si tout est OK de son côté, s’il n’a pas mal quelque part… nous avons « atterri » sur des branchages, qui ont amorti la chute. Nous ne ressentons aucune douleur. La Fiat n’a pas l’air trop abimée non plus, mais les branchages la retiennent devant… nous nous éloignons rapidement de l’auto pour aller nous mettre à l’abri, puis décidons d’essayer de dégager la Fiat… nous jetons frénétiquement les vieilles branches dans tous les sens, puis Roberto redémarre l’auto et je pousse ! La petite est sortie de là, mais le train avant a mauvaise mine. Son pilote l’examine et c’est confirmé : la crémaillère de direction est tordue, voire cassée. C’est bel et bien l’abandon pour nous.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Pendant ce temps, nos camarades et concurrents poursuivent la soirée du côté de l’ES 2, « Caserma Ceneri », une spéciale en boucle sur Monte Ceneri de 13,590 km, puis rentreront vers 23h00 au Stadio Cornadero à Lugano. Hormis nous-mêmes et la Fiat 124 Abarth de Spartaco Zeli – Alessandra Sardella, qui semble avoir connu des ennuis mécaniques, toutes les voitures historiques ont terminé la première étape.

Vendredi soir, Gérald Toedtli – Manu Guex et leur performante Escort Mk1 sont en tête, suivis des Tessinois Pietro Galfetti – Michele Spinedi sur Opel Manta A, puis des Allemands Stoschek – Hawranke et leur superbe Porsche 911 SR. A noter que les ennuis mécaniques de la Ford Sierra de Steve Schneeberger – José Lara, résolus en cours de route, les pénalise déjà de près de 11 minutes par rapport aux leaders lors de cette première étape.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Samedi matin : J’ai un léger pincement au cœur au moment d’enfiler une robe à la place de la combi de course… re-pincements au cœur en arrivant à l’assistance, les autos en train d’être préparées, nos petits camarades de jeu déjà en combi… Mais je pense surtout à l’immense chance que nous avons eue, primo, de ne pas sortir au pire endroit, de ne pas être allés taper les foyards… Si la direction est « morte », la carrosserie n’a subi que des bosses légères, et l’équipage est indemne.

Après un pic-nic et une glace bien mérités, je suis l’équipe de Roberto pour aller encourager nos camarades sur l’ES 5 « Caserma Ceneri », et en profite pour faire 2-3 vidéos et photos. Comme à leur habitude, les VHC font le spectacle. Superbes passages, très véloces, de Gérald Toedtli, qui donne le ton parmi les VHC, mais suivi de près par les Tessinois, Ivan Rusca et son Ascona (la verte), sans oublier Pietro Galfetti et sa Manta (la jaune), qui passent quasiment tout en travers ! Splendide ! Les moteurs « respirent », c’est un vrai régal !

Les concurrents enchaînent ensuite avec « Valtrodo », qui est quasiment en face, puis repartent une dernière fois sur Isone pour l’ultime ES du rallye.

 

 

 
J’en profite pour aller « mitrailler » l’Audi quattro « qui nous suit partout » et qui semble être une Replica de l’une des mythiques montures de Walter Röhrl. Les enfants de notre équipe me suivent et j’ai tout le loisir de leur expliquer de quoi il s’agit (à savoir, l’une des plus belles, si ce n’est la plus belle voiture de rallye du monde, une légende, un mythe, etc. ;-)) Ils me croient sur parole ;o)

Vers 18h30, nous gagnons, ou plutôt, nous tentons de gagner la Piazza Manzoni à Lugano, où tous les concurrents sont attendus pour l’arrivée finale au podium ! La foule est dense, et nous arrivons juste pour l’arrivée des VHC, avec l’arrivée triomphale des désormais Champions Suisse des Rallyes Historiques 2010 : Gérald Toedtli et Manu Guex, titre sans aucun doute, mérité !
Au classement de ce « Ticino » 2010, Rusca-Rezzonico sont 2ème, et Stoschek-Hawranke sont 3ème, suivis de Galfetti-Spinedi, Rizzi-Guelat, Naegeli-Zimmermann, puis Schneeberger-Lara (cf. résultats).

 

 

 

 

 

 

 

L’ambiance est à la fête, la météo est splendide… quoi de mieux ? Que nous soyons également à l’arrivée ? Mais nous y sommes ! Sans la Fiat et « en civil », mais nous y sommes 🙂 !